Journaux personnels
J’ai déjà écrit sur le blogue l’an dernier un article sur les vieux souvenirs. Par la suite, j’ai remisé la boîte contenant tous ces vieux papiers. Ce mois-ci, j’ai eu une crise de rangement et j’ai réouvert la boîte. Je suis tombée sur mes premiers journaux.
Hum! On remarque quelques fautes mais je n’avais que douze ans. Quelle idée j’ai eu de me présenter ainsi?
C’était l’époque du peace and love.
AVERTISSEMENT: Peut-être que certains ou certaines se reconnaîtront mais pour des raisons de confidentialité les noms et prénoms ont été changés.
Ces écrits datent du début de mon adolescence. La première note remonte à 1970. Mes sujets de prédilection s'avéraient être mes relations avec mes amis et mes amours malheureuses. J’étais toujours amoureuse d’un gars qui ne semblait jamais intéressé. André, Luc, Robert, il y en a eu plusieurs dont je ne me souviens même pas, mais je remarque que je n’ai pas mentionné Beau.
Beau
Je dois vous raconter l’histoire de Beau.
Probablement que je n'en fais pas mention parce que c’est arrivé avant que je ne rédige ces journaux. J’étais à l’école primaire, en quatrième ou cinquième année, et Beau était dans ma classe. Il avait de magnifiques yeux verts et un sourire enchanteur. Une incisive un tantinet croche lui donnait un petit air espiègle. Pourtant, c’est son regard rieur qui m’avait conquise. Je ne le connaissais pas beaucoup car nous étions à l’âge où les filles trouvent que tous les garçons sont des cons. Et que ceux-ci le prouvent par leurs agissements.
Ah! Mais le regard de Beau s’avérait irrésistible.
Un jour en classe, nous étions tous à faire du travail dans nos cahiers. Nous pouvions aller voir le professeur si nous avions des questions. Voilà que Beau se lève et se dirige dans la file pour poser une question. Je me suis levée aussitôt pour faire la même chose. Cette journée-là, en plus, il avait mis une blouse jaune lignée à manches longues dont la couleur mettait en valeur le vert de ses yeux. Je me trouvais juste derrière lui à l’observer, en me cassant la tête pour inventer une question à poser au professeur lorsque ce serait mon tour. Beau se tenait, juste devant moi, je voyais sa nuque, la texture de ses cheveux bruns, je pouvais presque le sentir. Puis, mon regard obliqua vers ses oreilles aux pavillons parfaits, des oreilles pas décollées comme celles de Méo, le plus laid et le plus cancre de la classe.
Soudain, je ressentis un choc.
J’observais chaque détail lorsque je remarquai l’intérieur de ses oreilles ou plutôt l’absence d’intérieur car il était rempli. De son canal auditif émergeait une accumulation phénoménale de cérumen. Je voyais je ne sais combien de cire brunâtre, croûtée émergeant et pendouillant vers l’extérieur de son lobe. Une quantité que je n’aurais jamais cru possible.
Beurk!
Je fus si abasourdie que je retournai m’asseoir en état de choc. Moi, qui n’avais jamais vu autant de cérumen dans les oreilles d’un être humain. Comment était-ce possible? Je ne visualisais plus ses yeux ni son sourire. Je ne voyais que ces oreilles dégueulasses. J’avais la nausée juste à repenser à l'abondance de cérumen.
Bref, Beau fut vite relayé au même rang que Méo.
La crise d’Octobre
Je me relis et réalise que j’ai écrit le 5 octobre 1970, une date importante au Québec. C’était le début de la crise d’Octobre. Je suis étonnée de voir que je n’en fais aucune mention ni ce jour ni les suivants. Évidemment, à douze ans, l'actualité politique n'était pas une priorité dans mon quotidien. Pourtant, je me souviens d’avoir été impressionnée par les chars d’assaut de l’armée canadienne dans les rues de la ville de Québec. J’avais probablement décidé de raconter, dans ce journal, que des choses sur ma vie intime. Comme une sorte de défouloir.
Il y a un moment triste où la mère d’une fille de ma classe est décédée.
Le 3 mars 1970, j’explique que deux filles ont allumées des cigarettes dans le cours de catéchèse et que la professeure ne s’en était même pas aperçue. Du moins, c’est ce que nous pensions!
Plus loin, je déplorais la catastrophe qu’à quatorze ans, je n’étais pas encore sortie (vraiment) avec un gars.
La mode et le peace and love
J’ai découvert mes dessins de mode datant de l’année 70.
J’écris sur Marie, Louise, Vickie, Hélène, Christine.
Il y a aussi une note au sujet d’Annie, qui partait étudier dans un pensionnat en Belgique.
Je raconte qu’une amie de ma sœur, Clara, m’avait prêté un livre d’Agatha Christie.
J’explique qu’avec la même amie, nous avions découpé des revues tout l’après-midi.
J’utilisais beaucoup d’images taillées dans différentes revues. Observez les carrés jaunes sur cette image. Ce sont des résidus de la colle du papier collant.
Et c’est ce qui m’a fait jubiler, toutes les découpures d’images de revues de l’époque : Châtelaine, LIFE, etc. Le tout regorge de style psychédélique, de peace and love. On retrouve des dessins très colorés. J’ai été ahurie de retrouver des coupures de photos du président américain John Kennedy. Comme la majorité de la gent féminine de ce temps-là, je le trouvais si beau.
Les collages
Récemment, inspirée par l'artiste-photographe Josée Cousineau, je voulais commencer à faire des collages. Mais j’ai réalisé que je n’ai plus de revues dont j’aurais pu me servir. Lorsque j’ai trouvé cette banque d’authentiques images des années 70, c’était un véritable trésor. Avis aux amateurs de vintage de ces années-là, je suis prête à les vendre. Pour une petite fortune, évidemment!
J’en ai profité et je me suis laissée aller à bâtir ces « collages ». Je mets des guillemets car étant donné qu’il n’y a aucune colle, ce ne sont pas de véritables collages. N’est-ce pas la beauté de la chose? On peut jouer éternellement, les placer, les déplacer, les entremêler et, clic, on prend une photo. J’ai créé une collection que voici.
Collage numéro 1
Collage numéro 2
Collage numéro 3
Celui-là, je l’ai intitulé l’envers du décor. En fait, ce sont les mêmes découpures que celles du numéro 2 mais je les ai tournées à l’envers. J’ai été surprise de voir qu’à l’envers, sur de la photo de Jackie Kennedy, on voyait sa fille Caroline promenant son chien.
Aussi étonnée de la beauté graphique surprenante de l’ensemble.
On va s’arrêter là pour aujourd’hui mais je crois avoir assez de matériel pour faire encore un autre article.
Et vous? Avez-vous rédigé un journal pendant votre adolescence? Si oui, le faites-vous toujours?
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Et merci d’avoir pris le temps de me lire.
Phrenssynnes
Francine Boilard est écrivaine sur Le blogue de Phrenssynnes. Elle publie sur Medium et rédige cette infolettre sur Substack. Vous la trouverez aussi sur NowNowNow.com. En plus d’être auteure, elle a été optométriste pendant plusieurs années.
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Coucou
Très intéressant comme texte 👍